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Six papiers sous terre
3 novembre 2007

Interview du fanzine Incipit

Tout d’abord, bonjour !!

Et bien, oui, bonjour, c’est vrai que c’est bien de commencer par ça. C’est la moindre des politesses, et je suis très heureux que tu y ais pensé. 

Alors, pour commencer, quelle est votre définition du « fanzine » ?

On ne peut pas vraiment en donner vu que chacun, au sein de notre petit groupe, a un peu la sienne. Du coup on se définit assez bien par ce que l’on est pas : Nous n’agissons pas en temps que professionnels car nous n’avons pas de directeur éditorial à qui se référer ; nous ne travaillons pas non plus sous la contrainte d’une rentabilité de la revue. En caricaturant un peu on peut dire que nous sommes des fans produisant un magazine (Fan[atic] [Maga]zine) en amateurs. Et du coup notre fanzine est surtout un espace de totale liberté et qui avance par la motivation de tous et de chacun.modif_Kaf_01_1_

Pourquoi avoir créé un fanzine ? Quand et comment est né Incipit? Quel est son objectif ?

Oula ! C’est très compliqué et guère passionnant, tu ne sais pas à quoi tu t’attaques en posant cette question ! Alors… Nous avons presque tous été recrutés en 2002 par une association appelée Kuamaure. Elle cherchait des dessinateurs et des scénaristes. Le fanzine est un bon moyen de progresser et de se frotter aux contraintes de l'édition, nous avons donc signé là-bas et créé le fanzine La Kafetière. Au début, pour les premiers numéros, le fanzine ressemblait plus à ce qu’on peut appeler un « fanzine d’amis ». Mais certains d’entre nous on eu, petit à petit d’autres prétentions pour le fanzine. C’est à partir de ce moment, où les envies divergèrent sur la façon dont le fanzine devait évoluer, que l’association a finie par splitter, en 2004, et nous nous sommes reformés, avec ceux qui ont voulu continuer l’aventure, sous le nom de l'association l'Entrepôt. Une autre identité, quelque chose qui reflétait la façon dont ceux qui étaient restés envisageaient la bande dessinée à ce moment, quelque chose de plus aboutit que ce qu’on avait pu faire jusqu’alors, de moins « entre copains » donc. En ce qui concerne son objectif : la plupart d'entre nous aimerait se faire connaître dans le milieu artistique (bédé, graphisme, illustration,...) ou du moins se donner l’occasion de produire un objet de qualité, en essayant d’avancer et de gagner en maturité. Tout cela fait très très sérieux, mais concrètement on s'amuse beaucoup quand même et on est pas les derniers quand il s’agit de parler pipi et caca, nous sommes d’ailleurs très déçu qu’il n’y ai aucune question à ce sujet sur lequel nous sommes particulièrement intarissable.

Pourquoi le nom « Incipit »?

Clairement, par rapport au contexte que l’on vient d’aborder, on était dans une ambiance de renouveau, de nouveau départ d’une certaine manière. De fait, la définition d’Incipit justifie à elle seule son utilisation pour nommer notre collectif : « premiers mots d’un livre ». Et puis son « image » classe et littéraire renvoie à l’image que l’on veut avoir, et donner, de notre travail : un travail plus sérieux, plus affirmé. Et puis le mot Incipit, ça claque.

Comment est fabriqué Incipit? Comment le distribuez-vous ? 

On pourrait dire qu’il est fabriqué dans une cave et revendu sous le manteau … Mais c’est (un peu) le propre d’un fanzine. Plus sérieusement, on essaye d’expérimenter encore le format, la agination jusqu’à trouver une formule qui nous aille bien à tous. Ce qui ne nous empêchera pas de rechanger encore après. Donc les trois premiers numéros sont (et seront pour le troisième qui n’est pas encore sorti) tous différents. Le but est d’améliorer le rendu à chaque fois. Techniquement on est aussi passé de la photocopie à la reprographie, plus coûteux, mais avec un meilleur rendu graphique. On est aussi passé des pages blanches aux pages ivoires  et surtout des agrafes au dos carré-collé. Pour le premier numéro d’Incipit, nous avions tout agrafé à la maison, avec une agrafeuse pas assez solide pour l’épaisseur du fanzine. Je ne sais pas combien d’agrafes nous avons jeté pour le coup. Les sociétés de défenses des agrafes maltraitées en ont été outrées. On s’est dit « plus jamais ça ». Sinon la maquette est donc faite sous format pdf, histoire d’avoir le moins de problèmes possibles au moment de l’impression. Enfin la couverture, c’est de la photo, et non pas du dessin. Ça parait rien mais en fait c’est aussi une évolution et une façon de marquer notre démarche.

Pour ce qui est de la distribution nous sommes présents surtout sur des festivals, dans le sud-est particulièrement, et on fait également de la VPC (via notre site que tu as mis en lien).modif_incipit_01_1_

Comment voyez-vous l’avenir d’Incipit?

Avant tout on espère continuer à faire des choses dont on soit fier. Donc toujours avancer dans nos productions et nos démarches artistiques et éditoriales. On ne sait pas ce que réserve l’avenir de l’association car, comme toutes les petites structures, on a des difficultés, financières et puis humaines de part l’éparpillement croissant de ces membres à travers la France. Et puis tous (pratiquement) nous avons une vie à côté, un boulot, des contraintes … Le temps parait manquer souvent mais on s’accroche. De toute façon on ne produit pas pour vendre, mais pour mener à bout notre travail et nos projets, du cerveau à l’édition. Nous n’avons pas la prétention, par exemple d’un jour tirer à 1000 exemplaires ou de se faire distribuer par d’autres voies que celles qu’on utilise jusqu’à présent (quoique… on s’est aussi donné l’objectif de dominer le monde). Par contre certains préfèreraient avoir des sorties plus fréquentes et on essaye aussi d’avoir petit à petit une unité sur nos diverses sorties. Du coup, on a bien développé des petites productions parallèles comme des cartes postales, des badges ou d’autres choses que l’on essaye encore pour avoir des produits qui se vendent plus facilement pour nous aider à sortir nos livres. De plus chacun peut aussi développer son univers ce qui se termine aussi parfois par des productions hors collectif, des productions donc plus personnelles, bien que l’on soit attentif à garder une orientation globale de toutes ces productions.

Quel est votre public ? Comment sont les retours des gens qui vous lisent ?

Notre public est relativement large dans le sens où nous n’avons pas de cible définit. C’est à la fois un bien et un mal, on s’impose donc moins de contrainte dans ce que l’on produit mais l’on « n’optimise » pas les possibilités de ventes. Donc chaque personne qui aime la bande dessinée est un lecteur potentiel. Nous sommes très éclectiques dans nos productions, car chacun a sa sensibilité, ses références et sa façon de s’en détacher. Le point sur lequel on peut donc avoir une unité, c’est que nos travaux tiennent la route le plus possible et aient une personnalité originale.

Comme la majorité des lecteurs sont des gens que nous rencontrons sur des festivals, nous avons peu de retours. Les mails sont rarement utilisés pour avoir des avis retours sur notre production. C’est assez déstabilisant pour avancer. Mais on ne dit pas non plus qu’on en a aucun : on en a peu mais ils sont toujours encourageants et positifs. Et il y a certaines personnes qui sont venus nous voir sur un festival donné plusieurs années d’affilée pour voir l’évolution et ça en particulier c’est très motivant.essaie03_copie_1_

Que pensez-vous du petit monde des fanzines actuellement ?

On peut peut-être définir le petit monde des fanzines en trois traits : c’est un monde foisonnant et anarchique, parallèle au monde dit professionnel. C'est toujours agréable de voir la ferveur avec laquelle les fanzineux s'investissent dans leur projet, ça fourmille dans tous les sens. Le boom de la bande dessinée d’il y a une dizaine d’années a eu comme effet de donner envie à beaucoup de gens de produire et de ne plus seulement lire, ça et la démocratisation des moyens techniques et de la culture graphique en général qui touche tout le monde maintenant, on se situe nous-même dans cette « vague ».

Mais d’un autre côté en temps que « monde parallèle », il est moins connu (et reconnu) tout en étant aussi riche que la bande dessinée non-amateur. On trouve des fanzines qui investissent l’univers d’heroic-fantasy, du manga (en terme de dessin, de codes et de thèmes), mais également dans des projets plus personnels, intimes et littéraires ou originaux. Les auteurs restent des fans, sans vouloir être réducteur, du médium lui-même ou des styles, des récits, … Mais l’éditeur reste souvent un gage apparent de qualité, ce qui est loin d’être vrai. Le fanzinat n’a pas toujours une bonne image et dans les festivals, les fanzines sont souvent relégués au rang d'apéro avant de passer aux gros auteurs et isolés dans les coins les plus perdus des festivals. On pourrait donc penser et espérer que soit les festivals (européens) prennent un peu de la graine des conventions mangas où les fanzineux sont aussi bien traités que les auteurs soit que les dit fanzineux eux-mêmes s’organisent pour avoir un moins d’exister plus forte qui leur soit propre. Peut-être devrait-on songer à se réunir plutôt que de bosser dans nos coins... C'est pour ça que ce blog est une bonne idée, il permet de rassembler un peu toutes ces productions. On peut aussi s’engager dans d’autres voies déjà initiées ici ou là, de festivals totalement organisés par des organismes dissociés des « gros » éditeurs et des lois du marché. Des initiatives existent telles que le festival de Bourg-Les-Valences ou encore le festival En Attendant à Toulouse (et je l’espère d’autres ailleurs), en espérant que l’on va les voir se développer.

Avez-vous des fanzines coups de cœur dans la production d’aujourd’hui ?

Difficile à dire, vue que chaque membre de l’association a des goûts et des attentes différentes. Mais pour les gens qu’on croise souvent en festival, dernièrement on admire le dynamisme d’Anachronique très jeune mais qui s'est imposé tout de suite. Sinon on peut faire un peu de pub pour nos confrères d'Onapratut ou encore de Poil à gratter dans l'extrême nord dont on aime bien le travail. Et puis des associations comme Misma ou encore La Maison Qui Pue dont on apprécie aussi la démarche. Et puis il a le très jeune Némésissement Votre, qui, bien qu’ayant une démarche très ciblée, a su trouver un public rapidement et semble prendre de l’ampleur.

Quels conseils pourriez-vous donner à ceux qui veulent se lancer dans le fanzine ?

Croyez en votre projet, sinon vous serez vite démotivés. Si possible ne vous lancez pas tout seul, l’émulation est une donné très importante, d’autant plus l’émulation qui s’impose d’elle-même. Et puis peut-être rejoignez un fanzine déjà existant ! C’est moins de contrainte ou de soucis du moins dans un premier temps, ça permet de profiter de l’expérience des autres au niveau du maquettage et de l’impression, ça permet de renforcer une structure déjà relativement solide, plutôt que d’en créer une très fragile… Et puis surtout, ça permet de ne pas disperser les talents. Et puis comme on le disait au début, le fanzine c’est la liberté, donc si ces conseils sont pour se lancer, on vous souhaite de trouver votre propre voie par la suite.

Un dernier mot ?

Tractopelle

Merci d’avoir répondu à ces questions !

Merci à toi des les avoir posées ! (t’as vu comme on est bien élevé ?!)

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Extrait de Edmond et Philibert, réalisé par SydN (cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Retrouvez Incipit sur le site de L'entrepôt ou sur Six papiers sous terre.

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Commentaires
F
Merci de la pub pour Onapratut ; quant à tractopelle, ça me semble particulièrement indiqué.
G
Mais pourquoi tractopelle ? Pourquoi pas, plutôt, protozoaire ?
G
J'ai pas tout lu. Ca a l'air sympa.
Six papiers sous terre
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